La censure dans l’Empire du milieu n’est plus ce qu’elle était… C’est tout du moins ce que semble pointer du doigt le logiciel WeiboScope, programme mis au point par des universitaires hongkongais, qui permet ni plus ni moins que de retrouver les publications effacées du site Weibo.

« Weibo » ?… « Sina Weibo« , pour être plus précis, ou « Xīnlàng Wēibó », ou bien encore « 新浪微博 », est un site de microblogging ultra populaire en République populaire (plus de 300 millions d’inscrits) et équivalent de notre Twitter occidental.

 

La mission de WeiboScope

Outre son rôle de redresseur de torts, WeiboScope nous permet surtout de mieux connaître les critères et habitudes de ceux qui y exercent la censure voulue par le gouvernement – sont particulièrement visés les « tweets » (le lecteur me pardonnera cet abus de langage) à caractère politique.

 

Le projet pilote est né au début de l’année 2011. Près d’un an et demi plus tard, ses instigateurs présentent leurs conclusions.

 

Les cibles favorites de la censure sur Internet

Parmi les publications tout bonnement effacées par le gouvernement chinois, l’on trouve en majorité des messages traitant de personnalités politiquement engagées et controversées. Quatre exemples pour tester votre culture :

  1. Chen Guangcheng, militant chinois des droits de l’homme en milieu rural
  2. Gary Locke, ambassadeur des Etats-Unis en Chine
  3. Bo Xilai, ancien membre du Comité central du Parti communiste chinois
  4. Li Wangyang, dissident chinois retrouvé « pendu » en juin dernier dans une chambre d’hôpital dans des conditions jugées extrêmement suspectes

 

Le logiciel hongkongais s’attache à suivre près de 300 000 usagers de Weibo. Les conditions pour faire partie de cette « poignée » de cobayes ? Avoir plus d’un millier de followers. En téléchargeant les publications émises en temps réel et en comparant les pages de ces élus à différents moments de la journée et de la nuit, nos chercheurs parviennent à établir si des posts ont été censurés.

 

La toute-puissance des censeurs chinois

La beauté de cette censure est qu’elle n’a pas de limites informatiques, ni géographiques : les autorités en charge de ce contrôle strict ont la possibilité d’effacer un post sur n’importe quel compte Weibo – le fait qu’il soit en Chine où en Alaska ne change rien à l’affaire.

 

Mais du côté de la Résistance, on n’a pas dit son dernier mot : les chercheurs de WeiboScope sont capables de remettre la main sur des posts effacés qui ne contiennent pas de mots-clés listés par les censeurs. Selon Fu King-wa, directeur du projet, cette capacité pourrait aider l’équipe hongkongaise à mieux cerner la manière dont certains internautes contournent la censure.

 

Tout cela suppose autre chose : que la censure s’opère de façon manuelle et non automatisée. Et qu’elle n’est pas infaillible, les autorités pouvant mettre plusieurs heures à repérer et supprimer certaines publications.

 

L’avenir des justiciers du microblogging

Fu King-wa et les siens ne sont pas seuls, un allier de taille leur prêtant main forte dans leur quête de justice : Harvard. Selon la prestigieuse université américaine, la Chine compterait entre 20 000 et 50 000 censeurs à ses ordres. Si les outils mis au point par WeiboScope ne sont pas encore ouverts au public, son créateur est cependant en mesure de procurer des informations au cas par cas à des chercheurs, mais aussi à des médias.

 

Fu King-wa a bon espoir de voir un jour son logiciel disponible au plus grand nombre – reste à s’occuper, pour cela, du nerf de la guerre. De son propre aveu, les gens n’ont qu’une compréhension très limitée de l’impact économique, politique et social du microblogging en République de Chine. L’équipe de Hong-Kong espère que les conclusions de son enquête encourageront d’autres études sur le même thème.

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